L'Anderlecht de Weiler tourne comme un coucou suisse (DH)

On a suivi le travail de l’entraîneur du Sporting de très près depuis quatre jours : c’est plutôt de bon augure pour les playoffs.
"C’est fou la différence en un an !" Yves est un grand supporter d’Anderlecht qui vit depuis plusieurs années en Espagne. Chaque début janvier, il vient jusqu’à La Manga, près de Murcie, pour suivre quelques entraînements du Sporting et retrouver un peu de belgitude. Depuis le début du stage, Yves est agréablement surpris par René Weiler. "Ses séances, c’est quand même autre chose que celles d’Hasi. C’est bien plus intense et les joueurs semblent en très bonne forme."
On partage l’avis d’Yves. Les sept premières séances auxquelles nous avons assisté depuis vendredi matin ont confirmé ce que nous avions vu durant le mois de décembre en championnat quand le RSCA a enchaîné trois victoires : le Sporting est devenu une horloge à la mécanique bien précise, comme l’entraîneur suisse le voulait à son arrivée. Une horloge où toutes les aiguilles tournent dans le même sens

1) Il perfectionne son anti-tiki-taka au pays du Barça

Tous les exercices et mêmes tous les petits jeux ont le même but pour Weiler : travailler la tactique qu’il aime tant, celle qui consiste à faire très gros pressing autour du porteur du ballon puis, une fois le ballon récupéré, se diriger à toute vitesse et par le chemin le plus court possible vers le but adverse. Même le toro, ce grand classique de l’entraînement où un joueur tente de récupérer le ballon au milieu d’un cercle formé par d’autres joueurs, est transformé pour adhérer à cette philosophie. Lundi matin, trois joueurs devaient courir au milieu d’un cercle au milieu de la pelouse puis foncer vers un but défendu par deux défenseurs et un gardien quand le ballon avait été récupéré. Une simulation de contre-attaque qui ressemblait furieusement à ce qu’on avait vu Gand ou à Charleroi dernièrement. Weiler veut un bloc très serré où tout explose vers l’avant en quelques passes quand l’adversaire a perdu le ballon. Une sorte d’anti-tiki-taka que les Anderlechtois perfectionnent au pays du Barça. Dans des playoffs 1 qui s’annoncent ouverts et équilibrés, le Sporting misera à fond sur ce système qui a si souvent été utilisé contre lui ces dernières années en Belgique. Ce n’est peut-être pas le football-champagne dont les supporters aiment se souvenir mais Weiler s’en moque. Il sait que le résultat est plus important que la manière, surtout après deux années blanches dans la maison mauve.

2) Un nouvel état d’esprit : son groupe a pris goût au travail

Si la dépense physique est plus impressionnante que lors des stages précédents à La Manga, c’est une autre différence qui nous surprend plus : l’état d’esprit. À l’hôtel, René Weiler laisse ses joueurs tranquilles. Ils sont libres de prendre leur petit-déjeuner ou non, ils s’installent où ils veulent à table et peuvent même emmener leur smartphone avec eux. Tout le contraire de Besnik Hasi qui avait instauré une discipline quasi militaire l’an passé. Sur le terrain par contre, le Suisse est très exigeant. Il n’hésite pas à faire ses remarques à haute voix, tant pis si c’est un peu humiliant pour le gars qui vient de se louper. Et les joueurs adhèrent. Ils semblent même avoir pris goût au travail, ce dont on pouvait parfois douter dans un passé récent. Un véritable esprit de compétition s’est instauré dans le groupe. Les joueurs sont conscients de la concurrence et de la méthode Weiler où personne ne peut espérer de privilège. Des cadres qui traînaient parfois la patte à certaines séances (on taira les noms par charité chrétienne…) emmènent maintenant le petit jogging d’échauffement. Un détail qui prouve l’emprise du coach sur un groupe où, dorénavant, tout le monde marche dans les clous.

3) Entre 1 et 3 transfert(s) mais il est satisfait de son groupe

Le bon travail des joueurs à La Manga plaît à René Weiler. À tel point que le mercato hivernal du Sporting pourrait être plus light que prévu initialement. Il avait demandé le départ d’Hamdi Harboui et l’arrivée d’Isaac Kiese Thelin, il a tout obtenu juste avant le début du stage. Le Suisse avait aussi évoqué les transferts d’un défenseur central et d’un milieu axial. Ils pourraient encore arriver mais il ne mettra pas une pression folle à Herman Van Holsbeeck si cela ne se fait pas. Weiler est content des progrès d’Uros Spajic et de Stéphane Badji. La seule arrivée quasi certaine d’ici le 31 janvier, c’est celle d’un gardien de but. Dans la perspective de playoffs où le dernier rempart a souvent fait la différence ces dernières années (Proto en 2014, Sels en 2015 et Butelle en 2016), le club cherche un portier relativement expérimenté qui aimerait se relancer pendant six mois en Belgique. Weiler a cependant déjà prévenu les dirigeants : le nouveau venu ne piquera pas d’office la place d’un Frank Boeckx irréprochable jusqu’à présent.

4) Il boude sur la presse écrite (et c’est bien dommage)

On aurait aimé parler de tout cela avec René Weiler mais ça ne sera pas possible. Le Suisse est fâché sur la presse écrite, injuste à son égard, selon lui. Il se contentera des conférences de presse obligatoires jusqu’à la fin de la saison, rien de plus. On peut admettre que les critiques, virulentes après la défaite à Zulte Waregem, soient encore difficilement digérées mais il devra apprendre à ne pas bouder éternellement après être sorti d’une mini-crise. Le Suisse est un jeune coach qui doit encore se faire cette peau d’éléphant nécessaire pour ne pas devenir fou dans ce métier. C’est d’autant plus dommage que Weiler est un très agréable communicant avec les journalistes quand il prend son temps dans un cadre serein. Comme lors d’un stage hivernal sous le soleil clément d’Espagne, par exemple…

Article tres interessant, qui decrit assez clairement le systeme Weiler ... finalement plus proche de Simeone que de Guardiola.

Cela dit, quand on voit le jeu des vainqueurs de l'euro et de la CL 2016 en finale ...

Reste plus qu'a voir ce que cela donnera sur le terrain lors de la reprise face à Saint-Trond