Le Bayern et ses joueurs caméléons

France Football a écrit:En attaque, les Bavarois sont à la fois redoutables et imprévisibles. Grâce à des joueurs pas comme les autres, comme Douglas Costa, Thomas Müller ou David Alaba, performants et efficaces dans n'importe quelle position et n'importe quelle zone.

En ce moment, personne n’attaque comme le Bayern, en tout cas pas aussi bien. Personne ne marque autant de buts que lui (trois en moyenne par match, toutes compétitions confondues cette saison). Et personne ne gère son effectif avec autant d’habileté et de subtilité que ne le fait aujourd’hui Pep Guardiola. Il est vrai aussi que personne ne possède un groupe proposant autant d’options et réunissant autant de joueurs capables d’occuper jusqu’à trois ou quatre positions différentes, pas même le Real ou le Barça. Et donc susceptibles, à n’importe quel moment, d’interpréter toutes le situations, de s’adapter à toutes les organisations et de réagir à tous les scenarios possibles. C’est vrai de Philipp Lahm, le capitaine de l’équipe, Thiago Alcantara, Arturo Vidal ou Arjen Robben. C’est surtout une constante chez Douglas Costa, Thomas Müller et David Alaba, les trois meilleures individualités du Bayern cet automne.
Si le club bavarois continue ainsi d’embrouiller, de surclasser et de balayer méthodiquement tous ses adversaires week-end après week-end, la démonstration réussie contre Arsenal (5-1) la semaine passée en Ligue des champions illustre encore mieux sa supériorité actuelle. Autrement dit, sa faculté à amener du danger dans toutes les zones, son aptitude à créer des différences dans les trente derniers mètres et sa facilité à donner constamment au jeu de la vitesse, du mouvement et de la variété.

Douglas Costa, l'accélérateur et le passeur

Contre Arsenal, l’attaquant brésilien avait commencé cette fois à l’intérieur du jeu, juste derrière Lewandowski (Müller débutait côté droit et Coman côté gauche dans un schéma en 4-1-4-1). Puis il est passé à droite au bout d’une vingtaine de minutes, avant de terminer à gauche durant la dernière demi-heure, une fois Robben entré en jeu, et de retrouver alors le couloir où Guardiola l’aligne habituellement. Quelle que soit sa position, axiale ou excentrée, l’ancien joueur du Chakhtior Donetsk peut alors accélérer, gagner très vite plusieurs dizaines de mètres, éliminer, dribbler, transpercer, créer de l’espace et déséquilibrer l’adversaire. S’il se retrouve aussi à la finition, il reste d’abord un passeur exceptionnel. Le plus performant actuellement en Bundesliga (douze passes décisives en onze matches !) et le meilleur également du Bayern en Ligue des champions (deux passes décisives en quatre rencontres).

Douglas Costa a récupéré un ballon à trente mètres de ses buts. Il élimine aussitôt trois joueurs d?Arsenal, en fixe deux autres et, cinq secondes plus tard, il peut donner dans la profondeur et offrir une balle de 5-1 à Thomas Müller (Capture d?écran beIN Sports).

Thomas Müller, le renifleur

Le meilleur joueur allemand du Bayern, et peut-être le meilleur joueur allemand tout court, est aussi celui qui possède l’instinct le plus sûr. Thomas Müller est très malin dans tous ses appels et ses déplacements, il se retrouve donc souvent dans les bons coups et il est toujours là où il faut dans les moments importants du match. Ce qui le caractérise encore ? Sa capacité à mettre de la vitesse et de l’intensité, sur un côté comme dans l’axe, son adresse devant le but et dans la dernière passe, sa complicité avec Lewandowski, son coffre physique pour pouvoir répéter les courses et les efforts, et sa faculté à aller à l’essentiel. En clair, à choisir la ligne droite dès que possible. Cette saison, ainsi, il a déjà marqué dix-sept buts (onze en Bundesliga, quatre en Ligue des champions, deux en Coupe) et contre Arsenal, où il a joué, tour à tour, milieu droit, neuf et demi puis avant-centre, les vingt dernières minutes, son efficacité a été quasi maximale : quatre tirs, quatre cadrés et deux buts.

Suite à un décalage de Douglas Costa et un centre de Lahm repris par Coman, c?est le bon déplacement au bon moment et le flair de Thomas Müller qui vont lui permettre de marquer du gauche et de réussir le break à 2-0 (Capture beIN Sports).

David Alaba, l'avaleur d'espaces

Dans une équipe qui joue en bloc en permanence, qui met énormément de rythme et qui sait se projeter très vite vers l’avant avec cinq ou six joueurs, minimum, l’apport d’un joueur comme David Alaba est fondamental. L’Autrichien peut jouer arrière gauche ou défenseur central, à quatre ou à trois derrière, en 6, en 8 ou comme milieu excentré, voire quasiment ailier : peu importe la zone qu’il occupe, il est bon partout, sauf côté droit. Surtout, il est capable de «sortir», d’attaquer l’espace, de créer le décalage ou la supériorité numérique à chaque attaque et de venir s’insérer très facilement dans la manoeuvre. D’ailleurs, plus il joue proche du but adverse, plus il peut arriver lancé et utiliser sa qualité de frappe ou de passe, et plus il est dangereux. Une certitude ? Pour offrir du mouvement, de la mobilité et de la disponibilité, mais aussi pour rester toujours bien situé par rapport à ses partenaires et donc maintenir l’équilibre collectif, il n’y a pas mieux que lui.

Servi par Coman, Alaba a fait le bon appel intérieur pour percuter la défense d?Arsenal, donner en retrait et déposer la balle de 4-0 dans les pieds de Robben. Il avait même la solution Thomas Müller au deuxième poteau... (Capture d?écran beIN Sports).

Patrick Urbini