Il y à 10 ans, Raymond Goethals nous quittait
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Il y à 10 ans, Raymond Goethals nous quittait
Il y a 10 ans, Raymond Goethals nous quittait. Mais le monde du football ne l'oubliera jamais.
"Que veux-tu que je te raconte ? Je t’ai déjà tout dit."
Les clameurs du stade Vanden Stock se sont tues depuis longtemps. De temps en temps, des éclats de rire fusent dans l’ancienne salle de presse : Raymond Goethals y tient salon pour un petit cénacle d’initiés. Il étale sa faconde, il extériorise sa gouaille de brusseleir tout en écorchant, faussement dupe parfois, les patronymes.
"C’est pas difficile."
Il plisse les yeux, refoule sa Belga à la commissure des lèvres, capture ton carnet de notes quand il ne peut pas gribouiller sur une nappe, repousse les verres, chipe ton stylo, t’agrippe par la manche et macule le méchant papier de traits qui deviennent vite indéchiffrables pour tous sauf pour lui.
"Tu saisis ?"
Sa démonstration, souvent savoureuse, ne se soucie pas de la réponse. Il s’est souvent répété, mais il n’a jamais lassé son auditoire complice. Surtout quand il retraçait, détails cocasses à l’appui, sa brève escapade au Brésil.
Surnommé le Belge par les Marseillais qui auraient aimé lui ériger une statue sur la Canebière, à lui qui, quand il pénétrait dans la salle de presse de l’OM, criait "du calme dans la baraque", Raymond Goethals incarnait une véritable chanson de gestes. La passion du ballon rond ne l’a jamais consumé. Elle était sa sève, son oxygène, sa pitance quotidienne, sa raison de vivre.
Bruges, l’adversaire d’Anderlecht, avait-il battu une équipe du bas du tableau ? "Il a gagné contre les Taxis verts", balayait-il ce succès d’une moue dédaigneuse.
Aimait-il tous les joueurs qu’il a dirigés ? Non, bien sûr. Mais il en est qu’il couvait toujours, des années plus tard, du même regard enamouré. Comme Resebrink dont il disait : "D’une merde, il te fait un pain d’épices."
Ou Omleta - Olmeta en français -, le gardien corse de l’OM. Ou Boszik - Boksic - ou Tahamata "mon petit Simon" qui, un jour de déplacement européen du Standard, s’était camouflé pour faire croire à son entraîneur qu’il avait manqué l’avion. Affolé, Raymond Goethals avait enjoint au pilote de faire demi-tour pour aller rechercher la vedette de son équipe. Que de fois s’est-il délecté du récit, imaginé, de la plus belle conquête de sa carrière, la Ligue des Champions remportée avec l’OM aux dépens du grand Milan de Gullik - Gullit - et Basten - van Basten !
Il ne se souciait nullement des contingences de la vie quotidienne. Mais jamais il n’a prêté le flanc à la moquerie. Même quand, lors d’un Belgique - URSS, il s’est assis sur le banc soviétique ou, qu’au Parc des Princes, il est tombé par terre en ayant oublié que son siège était un strapontin. Est-ce ce soir-là qu’il a avalé son mégot ?
Les "11" de Raymond
-- Les Belges doivent faire attention aux Français car ils ont deux, trois bons joueurs. Il y en a un qui s’appelle Tzigane, qui est assez bon, tu vois? (Avant Belgique - France)
-- Mon père ne vivait que pour le foot. Tout le reste recelait peu d’importance à ses yeux. Sauf la belote. A la maison, il n’a jamais dû empoigner un balai, rempoter une fleur, laver une assiette. Je pense qu’il était à peine capable de cuire un œuf. La saveur d’un grand cru l’indifférait.” (Son fils, Guy Goethals)
-- Fieu, tu es incapable de préparer un stoemp! (A Pierre Wynants, le patron du “Comme chez soi”).
-- Président, si vous n’êtes pas content, j’ai mon train à 9h30 (A Bernard Tapie quand ce dernier l’excédait)
-- J’ai deux télés et deux WC. A quoi cela me sert? Je ne peux en utiliser qu’un seul à la fois! (A propos de sa suite au Palm Beach à Marseille)
-- Sans être un épicurien, il était un bon vivant. Il savait rire, plaisanter, débusquer les travers d’autrui (Thierry Roland)
-- En vacances, dans un hôtel de Lanzarote, il ne parlait que d’une chose: de foot, de foot, de foot. Un accident aurait pu se produire à la piscine, il n’aurait pas interrompu ses analyses, tout en me pinçant dans le genou ou le bras. (Aimé Anthuenis)
-- J’avais joué un mauvais match en équipe de France. La presse m’avait descendu. Quelques jours plus tard, Raymond Goethals a dit à Jean-Pierre Bernes, le manager de l’OM : - ils ont tué mon Base et cela me fait mal. Ils ne peuvent pas le toucher. Je préférerais qu’il n’aille plus en équipe de France.” Il ignorait que j’avais tout entendu. Quand il m’a remarqué, il m’a dit: “Ce sont des bêtises que je viens de raconter, tu sais” (Basile Boli, un de ses joueurs préférés de l’OM)
-- Ce qui m’a le plus frappé chez Raymond, c’était sa manière de s’occuper des vedettes. Il était assez malin pour êter ami avec les Hollandais. Pourtant, il déclarait toujours le contraire. (Robby Rensenbrink)
-- On le savait diminué et très souffrant. Mais quand il s’est mis à parler des Diables, d’un seul coup il a retrouvé toute son énergie! (Jean Chevalier, son ami, présent à son dernier repas public)
-- Il n’avait pas de grande idéologique tactique mais, humainement, c’était un mec fabuleux. Il plaisantait tout le temps avec les joueurs, ce qui prouve qu’il avait une grande autorité, parce qu’il arrivait à se faire respecter tout en déconnant avec eux. (De Bernard Tapie)
source : la DH
"Que veux-tu que je te raconte ? Je t’ai déjà tout dit."
Les clameurs du stade Vanden Stock se sont tues depuis longtemps. De temps en temps, des éclats de rire fusent dans l’ancienne salle de presse : Raymond Goethals y tient salon pour un petit cénacle d’initiés. Il étale sa faconde, il extériorise sa gouaille de brusseleir tout en écorchant, faussement dupe parfois, les patronymes.
"C’est pas difficile."
Il plisse les yeux, refoule sa Belga à la commissure des lèvres, capture ton carnet de notes quand il ne peut pas gribouiller sur une nappe, repousse les verres, chipe ton stylo, t’agrippe par la manche et macule le méchant papier de traits qui deviennent vite indéchiffrables pour tous sauf pour lui.
"Tu saisis ?"
Sa démonstration, souvent savoureuse, ne se soucie pas de la réponse. Il s’est souvent répété, mais il n’a jamais lassé son auditoire complice. Surtout quand il retraçait, détails cocasses à l’appui, sa brève escapade au Brésil.
Surnommé le Belge par les Marseillais qui auraient aimé lui ériger une statue sur la Canebière, à lui qui, quand il pénétrait dans la salle de presse de l’OM, criait "du calme dans la baraque", Raymond Goethals incarnait une véritable chanson de gestes. La passion du ballon rond ne l’a jamais consumé. Elle était sa sève, son oxygène, sa pitance quotidienne, sa raison de vivre.
Bruges, l’adversaire d’Anderlecht, avait-il battu une équipe du bas du tableau ? "Il a gagné contre les Taxis verts", balayait-il ce succès d’une moue dédaigneuse.
Aimait-il tous les joueurs qu’il a dirigés ? Non, bien sûr. Mais il en est qu’il couvait toujours, des années plus tard, du même regard enamouré. Comme Resebrink dont il disait : "D’une merde, il te fait un pain d’épices."
Ou Omleta - Olmeta en français -, le gardien corse de l’OM. Ou Boszik - Boksic - ou Tahamata "mon petit Simon" qui, un jour de déplacement européen du Standard, s’était camouflé pour faire croire à son entraîneur qu’il avait manqué l’avion. Affolé, Raymond Goethals avait enjoint au pilote de faire demi-tour pour aller rechercher la vedette de son équipe. Que de fois s’est-il délecté du récit, imaginé, de la plus belle conquête de sa carrière, la Ligue des Champions remportée avec l’OM aux dépens du grand Milan de Gullik - Gullit - et Basten - van Basten !
Il ne se souciait nullement des contingences de la vie quotidienne. Mais jamais il n’a prêté le flanc à la moquerie. Même quand, lors d’un Belgique - URSS, il s’est assis sur le banc soviétique ou, qu’au Parc des Princes, il est tombé par terre en ayant oublié que son siège était un strapontin. Est-ce ce soir-là qu’il a avalé son mégot ?
Les "11" de Raymond
-- Les Belges doivent faire attention aux Français car ils ont deux, trois bons joueurs. Il y en a un qui s’appelle Tzigane, qui est assez bon, tu vois? (Avant Belgique - France)
-- Mon père ne vivait que pour le foot. Tout le reste recelait peu d’importance à ses yeux. Sauf la belote. A la maison, il n’a jamais dû empoigner un balai, rempoter une fleur, laver une assiette. Je pense qu’il était à peine capable de cuire un œuf. La saveur d’un grand cru l’indifférait.” (Son fils, Guy Goethals)
-- Fieu, tu es incapable de préparer un stoemp! (A Pierre Wynants, le patron du “Comme chez soi”).
-- Président, si vous n’êtes pas content, j’ai mon train à 9h30 (A Bernard Tapie quand ce dernier l’excédait)
-- J’ai deux télés et deux WC. A quoi cela me sert? Je ne peux en utiliser qu’un seul à la fois! (A propos de sa suite au Palm Beach à Marseille)
-- Sans être un épicurien, il était un bon vivant. Il savait rire, plaisanter, débusquer les travers d’autrui (Thierry Roland)
-- En vacances, dans un hôtel de Lanzarote, il ne parlait que d’une chose: de foot, de foot, de foot. Un accident aurait pu se produire à la piscine, il n’aurait pas interrompu ses analyses, tout en me pinçant dans le genou ou le bras. (Aimé Anthuenis)
-- J’avais joué un mauvais match en équipe de France. La presse m’avait descendu. Quelques jours plus tard, Raymond Goethals a dit à Jean-Pierre Bernes, le manager de l’OM : - ils ont tué mon Base et cela me fait mal. Ils ne peuvent pas le toucher. Je préférerais qu’il n’aille plus en équipe de France.” Il ignorait que j’avais tout entendu. Quand il m’a remarqué, il m’a dit: “Ce sont des bêtises que je viens de raconter, tu sais” (Basile Boli, un de ses joueurs préférés de l’OM)
-- Ce qui m’a le plus frappé chez Raymond, c’était sa manière de s’occuper des vedettes. Il était assez malin pour êter ami avec les Hollandais. Pourtant, il déclarait toujours le contraire. (Robby Rensenbrink)
-- On le savait diminué et très souffrant. Mais quand il s’est mis à parler des Diables, d’un seul coup il a retrouvé toute son énergie! (Jean Chevalier, son ami, présent à son dernier repas public)
-- Il n’avait pas de grande idéologique tactique mais, humainement, c’était un mec fabuleux. Il plaisantait tout le temps avec les joueurs, ce qui prouve qu’il avait une grande autorité, parce qu’il arrivait à se faire respecter tout en déconnant avec eux. (De Bernard Tapie)
source : la DH
RoK- • Footmaniaque Soulier D'Or •
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Localisation : Charleroi
Re: Il y à 10 ans, Raymond Goethals nous quittait
Le dernier grand tacticien de l'équipe nationale. Et un gars qui ne se prenait pas au sérieux. Par contre, il ne devait pas être très honnête.
deceelle- • Footmaniaque Soulier D'Or •
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